Le commencement [PV Yagoru]

Enfin arrivée. C'est qu'il faut en faire de la route, pour arriver dans ce village paumé. Et en plus, la plupart des taxis ne vont pas jusque-là, ils larguent leurs passagers (souvent en leur extorquant un dernier billet "pour la route") à 10 kilomètres du village-même.
Et c'est comme ça que la scientifique Lara A.Bolton arriva à Tougen Ryou, à 22h, alors que l'heure prevu était 3h50 plus tôt.
Mais bon comme dirait l'autre, on ne peut pas tout avoir, elle était déjà contente d'avoir trouvé ce coin perdu dans la cambrousse.

Maintenant, autre problème. Où trouver la mairie ? Ici tout se ressemble, et en plus il fait nuit.
Ah, tiens ?Je savais pas qu'il y avait des loups au Japon.
Super rassurant, le cri qui déchire la nuit façon bestiole qui te voudrait bien au dîner.
Lara fouilla dans son sac, prit sa lampe torche et une clope au passage.
C'est quand même mieux avec un peu de lumière. Dirigeant le faisceau un peu partout, essayant de trouver un signe distinctif pour reperer la mairie, la scientifique avançait un peu à l'aveuglette.
Puis soudain, elle vit une masure un peu plus grande que les autres, assez traditionnel dans le style. A part la mairie, qu'est ce que ça pouvait être d'autre ?

Allez, on essaye. Lara alluma sa cigarette et se dirigea vers la porte de la mairie. Coup de bol, c'etait ouvert.
J'ai une de ces chances...
Elle entra, et eteignit sa lampe. Grave erreur, un pas plus tard elle se prit le tapis et s'etala de tout son long dans l'entrée.
"Putain de tapis de merde !!!!"
Le precieux outil servant de lumière valsa quelques mètres plus loin, toujours eteint. Le noir complet, mis à part le bout orange de sa cigarette encore allumée (par miracle)
Bolton s'assis en tailleur et regarda ses coudes. Le parquet ça fait mal quand même.
Bienvenue à Tougen Ryo, Lara A.Bolton...

C'est à dix heures et quart que le brun décida finalement d'éteindre sa lampe, après les nombreux assauts de la fatigue sur sa personne et les inévitables coups de barres conséquents. Bâillant, il prit la pile de dossiers posée et complétée qui se trouvait sur son bureau, contre sa hanche, la maintenant d'une seule main, tandis qu'il se dirigeait vers la porte qui ouvrait sur le couloir assombri. Pas besoin de lampe torche ou de bougie, il connaissait sa maison par cœur, pas besoin de voir où il mettait les pieds. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes, après être parvenu jusqu'à sa chambre, elle aussi plongée dans l'obscurité, qu'il entendit un bruit sourd à l'étage du dessous. Hein? Aurait-il oublié de fermer la porte d'entrée? Assez étonnant. Il déposa les documents sur son lit, avant de faire demi-tour, descendant les escaliers de la grande maison d'un pas silencieux. Après tout, cette porte ne s'était sûrement pas ouverte toute seule, hum? Un individu quelconque avait dû pénétrer en croyant que c'était un autre lieu, ou alors peut-être un autochtone qui voulait demander l'hospitalité. La seule façon de le savoir, c'était de vérifier. Sa main glissant contre la rampe en osier, il scruta l'entrée. Vu comme ça, rien de spécial, et la porte était même fermée: C'était plus effrayant qu'autre chose, et malgré son sang froid, il ne put empêcher ses poils de s'hérisser. Si quelqu'un était rentré, où était-il? Si c'était d'une bonne intention, il aurait dû attendre ici, et si c'était par mégarde, pareil. Alors? Sauf si c'était un petit plaisantin. Peu importe, Shohei s'avança d'un pas décidé, le regard sérieux et observateur, quand il aperçut, en effet, un petite lumière orangée.

"Je pourrais savoir ce que vous faites ici?"

Rien de dangereux, l'odeur de la fumée lui confirma qu'il n'y avait rien à craindre. Déjà, c'était humain, quoi de plus rassurant après toutes les légendes à propos de bestioles? Calmement, il tapota le mur avec sa main, un peu à l'aveuglette, pour finalement appuyer sur l'interrupteur, toutes les lumières s'allumant par la suite, éclaircissant de plein fouet la nouvelle arrivante. Tiens? Il ne connaissait pas; C'était prévisible remarque, car elle aussi, de toute évidence, n'avait pas l'air de le connaître si on se fiait à la façon dont elle le regardait. Ne sachant pas réellement comment prendre cette arrivée non-prévue, ou du moins nocturne, il referma la porte, à clefs cette fois-ci, avant d'aller s'asseoir sur les marches, la regardant. Occidentale, c'était la première constatation que l'on pouvait faire: Physique du moins. Donc, déjà, elle n'était pas du coin, et vu son allure, elle ne devait pas non plus être une paysanne. Toujours aussi tranquillement, il l'analysait, sans pour autant la dévisager. Maintenant, il ne tenait plus qu'à elle de se présenter et de justifier sa pénétration nocturne dans un domicile privé, et elle avait intérêt à avoir une bonne raison.

Essayant en vain de se lécher le coude pour essuyer le sang qui coulait, Lara, absorbée par sa tâche, n'entendit pas les escaliers craquer doucement.
Une phrase la sortit de sa rêverie , mais elle ne parvint pas à en comprendre le sens.
Puis la lumière l'aveugla, lui forçant à plaquer son avant bras sur ses yeux. Ce faisant, elle entendit distinctement une clef tourner dans la serrure, et un mouvement d'air passer auprès d'elle.
Un psychopathe qui aime la lumière. Tu me hais Dieu, c'est ça ?
Il fallu quelques secondes pour lui permettre d'enlever sa protection de fortune et de s'adapter à la lumière éblouissante.
En clignant des yeux, elle grommela vers la forme qui lui semblait humaine :
"Vous pouvez pas achetez des lampes basses conso ? Au moins ça nique pas les yeux et vous protegez la planète. Egoiste !"
La flou devint net, et Lara pu decouvrir son interlocteur , assis sur les marches en face d'elle.
Un habitant d'ici. Pas plus psychopathe que ça, et jeune en plus.
Lara, portant sa cigarette à la bouche, se recula un peu, histoire d'avoir une vue d'ensemble. On est scientifique ou on ne l'est pas.

Tout à coup, Mademoiselle se rappela que l'inconnu d'en face avait dit quelque chose. Et c'etait sûrement pas amical, vu l'heure qu'il était.
Elle passa une main dans ses cheveux, puis se frotta les tempes, les yeux levés, pour ne pas quitter son interlocuteur du regard.
D'un air résigné, elle demanda :
"Tu ne comprends absolument rien de ce que je raconte ?"
L'australien etait une langue "mâchée", aussi les étrangers ne la comprenaient que rarement.

En effet, il n'avait pas tout compris, et pourtant, il était bilingue. C'est donc légèrement surpris mais surtout sceptique qu'il l'observait, toujours posé sur ses marches, attentif. Il avait capté le mot "Yeux". C'est tout, surtout qu'elle avait parlé vite donc pour la compréhension c'était encore plus difficile. Il pouvait aisément lieu le terme utilisé au contexte, ce qui donnait un truc comme "Connard, t'as pensé à mes yeux?" si on se fiait au ton employé. C'est que c'était technique tout ça. Il se contenta d'esquisser un sourire légèrement susceptible tout en baissant la tête, en pleine réflexion. Comment est-ce qu'ils allaient se comprendre si elle ne calmait pas? Par chance, elle avait plus l'air de se la raconter que d'être offensive, bon point.

"Pas vraiment. Vous pourriez parler moins vite?"

Si elle ne pouvait pas articuler, ce n'était pas sa faute, mais elle pouvait au moins ralentir le débit non? Bon, encore heureux pour elle, il n'avait pas réellement compris qu'elle l'insultait; Si il l'avait su, elle aurait passé la nuit dehors: Psychopathes ou non.

"Et donc, vous êtes?"

Plutôt parler posément, c'était plus laborieux comme plan que de tout de suite en venir aux fourches. Peu importe qui elle était en réalité, tout ce qu'il voulait c'était pouvoir mettre un nom sur son visage et s'arranger pour trouver son stéréotype. Juste savoir, aussi, si elle était de la région, ou simple vacancière. Peu-être scientifique, comme elle dirait, 'maybe'.

Une langue connue !!!
Apparement, le jeune homme parlait anglais. C'etait déjà un bon point, vu que Lara avait beaucoup de mal avec le japonais.
Ses yeux bleus ce levèrent en direction de l'inconnu, histoire de savoir à qui elle avait à faire.
Il avait l'air confiant, peut-être un peu trop. Un léger sourire sur les lèvres, des yeux foncés qui vous scrutait, les cheveux ébouriffés. Une beauté particulière, à vrai dire. Bolton se contenta de hausser un sourcil, en parcourant du regard le corps et le visage de l'autochtone. Il n'avait pas l'air spécialement de mauvaise humeur, un brin amusé plutôt.

Comprenant qu'il voulait qu'elle se presente, Lara se leva et essaya la poussière sur ses genoux et ses fesses. Passant une mèche de cheveux derrière ses oreilles, elle s'avança vers l'inconnu.
"Je suis désolée, je ne me suis pas présentée. Je suis Lara A.Bolton. Je cherche la mairie ; je suppose que ce n'est pas ici ?"

C'était la première fois que Shohei voyait des yeux clairs et non-bridés; Enfin, une occidentale aussi, mais il faut dire que ça restait assez stupéfiant. Le pouvoir de séduction de leurs regards était connu, surtout si l'on se fiait à la mode japonaise des grandes villes qui invitait les jeunes asiatiques à porter des lentilles et même à se boucler les cheveux, autre détail portant sur le style jugé de 'classe'. Alors autant dire qu'il restait observateur, même sur les formes de la jeune femme: Simple façon d'analyser l'individu en question, il n'y avait pas nécessairement d'initiative perverse dans cette action. Tranquillement, il fixa ses yeux bruns pile sur ceux brillants de son interlocutrice, alors que celle-ci lui donnait son nom et son motif. Lara A.Bolton? Assez original. Lorsqu'il entendit le mot de 'mairie', il figea son sourire sur ses lèvres avant d'hocher positivement la tête:

"En effet, ce n'est pas ici. Là, vous êtes chez moi."

Il s'empêcha de lui dire qu'elle était entré par effraction, d'une certaine manière, mais jugeant qu'elle était nouvelle dans le coin et qu'il était dur de se repérer dans un village, surtout de nuit, il ne dit mot. Se contentant de se mordiller la lèvre inférieure, en pleine réflexion, il en oublie presque la possibilité que la personne en face de lui était fatiguée et avait encore pas mal de choses avant d'aller dormir; Et puis, lui aussi avait besoin de sommeil et n'avait pas spécialement envie de passer la nuit sur des marches en bois: Il y a plus agréable.

"La mairie est à l'autre bout du village, mais à cette heure-ci elle est fermée. Je vous conseille d'aller là où vous avez prévu de dormir, mademoiselle."

Forcément: Quelle idée d'aller dans un lieu public dans les environs de vingt-trois heures? Logiquement, ce n'était pas ouvert, alors autant remettre ce délire au lendemain, après une bonne nuit de sommeil. Elle avait sûrement dû réserver une chambre dans le motel se situant à l'entrée du village, non? Où alors elle était accueillie par un habitant? Peu importe, si elle était responsable elle avait sûrement prévu quelque chose. Elle ne s'était tout de même pas mise en tête de débarquer dans un endroit paumé sans se demander ou passer la nuit?

Apparement, et comme d'habitude, la jeune fille s'était trompé d'endroit, se retrouvant dans une demeure privé.
Son interlocuteur n'avait pas franchement l'air ravi d'avoir une visite à cette heure-ci, de la part d'une parfaite inconnue qui est plus est. Un point positif : Au moins, elle savait que la mairie n'etait pas ici. Ca aide.
Son premier reflexe fut de se reculer du jeune homme, distance de sécurité oblige. On va pas se serrer la pince alors qu'on se connait à peine, à un japonais en plus. L'erreur aurait été suprême.

Que faire maintenant ? Lara, lasse, ferma les yeux quelques instants pour se concentrer. Les mains dans les poches, elle réflechissait à toutes les solutions possibles.
Au bout de quelques secondes de transe réfléxionelle, elle rouvrit les yeux vers l'inconnu qui n'avait pas bougé d'un poil.
En trifouillant ses poches, Bolton sentit un bout de papier. Ce n'etait pas un billet, encore moins un papier de chewing gum. Elle le sortit de sa caverne éphèmère et vu l'ecriture de son père dessus.
"Talk to Sohey Yagolu about the field operation. He'll tell all that you have to know."

Génial, ça aide. Si on part du principe que dans ce village pourri personne ne parle anglais, comment faire pour communiquer ?

En pleine réflexion intense, Lara entendit la voix du jeune homme.
"La mairie est à l'autre bout du village, mais à cette heure-ci elle est fermée. Je vous conseille d'aller là où vous avez prévu de dormir, mademoiselle."
Ca, elle s'en serait douté. Les mairies ne restent pas ouvertes toute la nuit, mais dans les grandes villes des Etats Unis, il y a toujours quelqu'un à l'interieur "au cas où". Forcément, dans un village aussi petit, les fonctionnaires dorment tôt et font pas la java dans les bâtiments publics. La jeune femme avait omit ce détail.

Elle n'avait plus d'idée et la vision d'une bonne douche et d'un lit moelleux dansait devant ses yeux.
Autant allez voir le nom du bout de papier. C'etait sûrement le responsable des sciences ici.
Elle leva les yeux une nouvelle fois vers le jeune homme assis en face d'elle et, la voix fatiguée, lui demanda : "Je n'ai rien prevue, mais j'ai un nom. Savez-vous qui est Sohey Yagolu ? J'ai besoin de parler avec lui."
Sa demande fut accompagnée d'un regard interrogateur, genre "question de vie ou de mort, si tu veux pas finir décapité dis moi qui est ce foutu mec"

Un peu culotté, quand même, n'est-il pas ? Entrer chez quelqu'un, ne pas s'excuser pour s'y être introdui, poser des questions et fumer à l'interieur. On remarque les Americains partout où il vont...